- Réalisateur : Don Hall, Chris Williams (II)
- Avec : Scott Adsit, Ryan Potter, Daniel Henny
- Compositeur : Henry Jackman
- Nationalité : Américain
- Sortie : 11 février 2015
Synopsis (© allocine) : Un petit génie de la robotique nommé Hiro Hamada découvre qu’un complot criminel menace de détruire la ville de San Fransokyo. Avec l’aide de son plus proche ami, Baymax le robot infirmier, et de ses compagnons qu’il va transformer en une bande de superhéros high-tech, Hiro va tout faire pour sauver la ville et sa population de l’infâme Yokai…
On n’arrête pas le succès Disney. Après le triomphe planétaire de La Reine des neiges, sortie en 2013, la superproduction se lance dans l’adaptation d’un comics Marvel, Big Hero 6 (Les nouveaux héros en France). Depuis le rachat de Marvel Entertainment par la Walt Disney Company en 2009, c’est le premier film d’animation qui mélange ainsi les deux univers des superhéros et des princesses. Cette combinaison est sans aucun doute une nouvelle grande réussite. Présenté au festival international du film d’animation d’Annecy en 2014, il est nommé aux Golden Globes et aux Satellite Awards en 2015 et gagne finalement l’Oscar du meilleur film d’animation cette même année.
Et c’est à raison, Les nouveaux héros naviguant en effet entre bonnes idées et conventions, la réussite était inévitable. Visant avant tout un public enfantin, les créateurs du film d’animation, Don Hall (Winnie l’ourson) et Chris Williams (II) (Volt, star malgré lui), ont mis en scène une interprétation plus douce du comics original. L’équilibre entre l’action et l’humour des Marvels avec l’émotion des Disney est parfaitement maitrisé. Mais c’est peut-être là aussi le premier bémol du film : efficace mais simple, drôle mais classique. Les nouveaux héros reste dans les schémas typiques des films disneys. On y retrouve les réflexions habituelles du deuil qu’on a tous ressenti enfant lors de nos visionnages de Bambi ou du Roi Lion, ou sur l’importance de l’amitié et de l’amour, conception récurrente dans la totalité des films de la production. De même, les scènes d’action viennent directement de l’univers des Avengers, et les remises en question du héros avant une bataille, sont typique d’un personnage de super-héros.
Mais si l’on peut reprocher au scénario d’être banal, il reste tout de même correct sans grosse incohérence. En réalité, le véritable problème de ce film d’animation réside dans le peu d’attention et de travail accordé au caractère d’Hiro, le personnage principal. Face à la superbe invention de Baymax, robot-chamallow attendrissant, il reste fade et marque peu les esprits, ayant la même épaisseur et le même intérêt que les autres personnages secondaires. Créé pour que n’importe quel enfant puisse s’y identifier, il ne devient qu’un ado agaçant, grincheux et geignard. Les nouveaux héros a en réalité deux atouts : un intérêt esthétique et Baymax. Sans Baymax, le film aurait été un échec.
Ce robot tout blanc et caoutchouteux, machine maladroite et adorable, programmée uniquement pour aider et soigner quitte à en devenir hyper collant, c’est là que réside la force du film. C’est sa maladresse cocasse et sa naïveté touchante, qui nous fait aussi bien rire que pleurer. C’est sur Baymax que repose l’intégralité du long-métrage, c’est lui le véritable héros. Sa réussite insiste encore plus sur l’écart entre lui et ce groupe de super-héros lisses et peu travaillés. La seconde bonne surprise du film repose sur les décors. Pour des questions principalement de droits d’auteurs, les scénaristes ont dû changer des noms et passer sous silence l’existence de certains personnages. L’action se déroule donc à San Fransokyo (mélange de San Francisco, ville américaine et Tokyo, ville japonaise aussi sur le nom que sur la forme) et l’intégralité du film joue sur ce mélange. L’histoire se situe dans un futur alternatif, où le tremblement de terre de 1906 à San Francisco aurait détruit la ville, par la suite reconstruite par les Japonais, ce qui expliquerait l’architecture américano-japonaise hyper travaillée. Des centaines de panneaux signalétiques auraient été créés rien que pour le film par un graphiste pendant 2 ans.
Les noms des personnages ont des consonances japonaises, le nom du méchant, Yokai, signifiant “esprit” ou “fantôme” dans la langue nippone. Hiro lui-même est directement inspiré des adolescents japonais aussi bien pour sa coupe que dans son intérêt fervent pour la robotique.
Est-ce qu’il faut voir Les nouveaux héros ? Ce n’est pas indispensable. Le film reste un Disney, avec les trois ingrédients phares de la production : du rire, de l’action et des larmes. La réalisation et le scénario sont convenus, et l’intégralité du film reste dans le bien-pensant. Malgré tout, il est moins idiot que beaucoup de ces nouveaux films d’animation qui prennent de plus en plus nos enfants pour des êtres fragiles qu’il faut protéger contre la dureté du monde en leur servant du niais et du simple comme la vérité sur la vie. Un divertissement enfantin regardable et drôle.
© Elena Brooks
© photos : allocine