The man standing next (남산의 부장들)​

남산의 부장들

The man standing next (남산의 부장들)

Réalisateur et scénariste : Woo Min-ho (우민호)

Avec : Lee Byung-hun (이병헌)ㅣLe Sung-min (이성민)ㅣKwak Do-won (곽도원)ㅣLee Hee-joon (이희준)ㅣKim So-jin (김소진)

Genre : Historique, thriller

Pays d’origine : Corée du Sud ㅣ Date de sortie (Corée du Sud) : 22.01.2020

Résumé : Dans les années 1970, la Corée du Sud est sous le contrôle absolu du président Park et du KCIA, une organisation influente sur toutes les branches du gouvernement, et contrôlée par le président lui-même. Dans ce règne de terreur, l’ancien directeur du KCIA, Park Yong-gak (박용각), exilé aux Etats-Unis, décide de révéler les opérations du gouvernement coréen. Alors que la tension escalade, les manoeuvres politiques se multiplient en Corée du Sud par ceux désirant garder leur pouvoir à tout prix.

Au temps de la dictature : rencontre entre fiction et réalité

En 1979, le président Park Chung-hee (박정희) est assassiné. Quarante ans plus tard, sa mort fait toujours couler beaucoup d’encre. Le président/dictateur Park a en effet laissé un héritage lourd, à la fois historique, politique, économique et social. Il divise encore aujourd’hui les coréens sur les effets de sa politique, catastrophique au niveau social mais à l’origine de la construction des bases économiques qui ont fait du pays l’une des premières puissances mondiales.

Le film plonge son spectateur au coeur des épisodes sombres des années 70. Le Président Park a alors le contrôle absolu du pays en particulier grâce au soutien du KCIA (Korea Central Intelligence Agency) qu’il contrôle. Un ancien directeur de la KCIA, Park Yong-gak (박용각) personnage basé sur Kim Hyung-uk (김형욱), qui connait tous des opérations obscures et illégales du gouvernement, s’est exilé aux Etats-Unis. Il décide d’y dénoncer le régime de terreur du dictateur ouvrant ainsi les investigations du Koreagate. Face à cette attaque venue de l’autre côté du Pacifique, Park Chung-hee tente de montrer davantage son pouvoir, contrôlant le pays d’une main de fer de plus en plus écrasante.

Après The president’s last bang (그때 그사람들) sorti en 2004, The man standing next (남산의 부장들) se focalise moins sur l’assassinat et s’intéresse davantage à l’évolution de son personnage, Kim Gyu-pyeong (김규평). L’intérêt du long-métrage réside en effet dans l’excellente manipulation de la complexité de ses protagonistes. Kim Gyu-pyeong (김규평) est un personnage fictif basé sur Kim Jae-gyu (김재규), l’assassin du président Park Chung Hee. Dans le film, Kim Gyu-pyeong s’attend à devenir incessamment sous peu le bras droit du dictateur. Mais face à la violence accrue du président, il se retrouve face à un profond dilemme moral. Passant d’un extrême à l’autre, il est sans cesse tiraillé entre ses principes moraux et sa quête de pouvoir.

Lee Byung-hun (이병헌), qui joue Kim Hyu-pyeong, interprète parfaitement la complexité de son personnage. Face à lui, Lee Sung-min (이성민) campe lui aussi un President Park complexe, entre ambition du pouvoir ultime et (fausse ?) humanité. Avec ces personnages très forts, il est peut-être dommage d’avoir ajouter le personnage fictif de Déborah (데보라 joué par Kim Sojin 김소진) qui apporte finalement très peu à l’histoire. Quant au réalisateur, c’est un habitué des thrillers politiques. Avant The man standing next, Woo Min-ho (우민호) avait réalité Inside Men (2015) (내부자들), basé sur le webtoon écrit par Yoon Tae-ho (윤태호) The Insiders, qui se concentre sur la corruption du système sud-coréen. L’association du réalisateur/scénariste Woo Min-ho avec ces acteurs interprétant leur personnages avec brio, fait de ce film un superbe thriller historique.

Revisitant une période noire de la Corée du Sud, les réactions à la sortie de The man standing next sont aussi intéressantes à soulever que le film en lui-même. Comme mentionné plus haut, les coréens sont encore aujourd’hui divisés sur leur vision du président. Appelé président Park et non dictateur, Park Chung-hee a, 40 ans après sa mort, encore des soutiens puissants. Certains ont attaqué le film à sa sortie, l’accusant de distordre les faits*, et ce malgré la prudence du réalisateur de créer des personnages fictifs à partir de faits historique. Ce long-métrage remet ainsi en lumière cette jeune démocratie et de sa longue et violente parenthèse dictatoriale. Pour mieux comprendre l’histoire de la Corée du Sud et la fondation de sa démocratie d’aujourd’hui, The man standing next est à film à ne pas manquer.

*http://www.mediapen.com/news/view/497424

 © Maëlle Colleu-Hepke
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Chronologie succincte des événements des années 1960~70 en Corée du Sud

1963 : Park Chung-hee (박정희) remporte l’élection présidentielle face à l’ancien chef de l’Etat (de 1960 à 1962), Yun Po-sun (윤보선). Ce dernier remporte en revanche une majorité aux élections législatives de la même année. Park proclame alors l’état d’urgence, dissout le Parlement et établi une dictature. 

1967 : Park Chung-hee est réélu 

1971 : Le président Park est réélu face à Kim Dae-jung (김대중), principale figure d’opposition. Il sera la cible de nombreux attentes à sa vie. Les élections sont par ailleurs marquées par la fraude. Park Chung-hee réforme la Constitution afin de lui permettre de briguer un troisième terme. Aussitôt réélu, il proclame à nouveau l’état d’urgence et suspend la Constitution.

 

1972 : suppression totale de la Constitution par Park Chung-hee. Il fait adopter par référendum la Constitution Yushin (유신헌법) dans un contexte de censure et de fraudes importantes. Le texte porte la durée du mandat présidentiel à 6 ans sans limite du nombre de mandats, et donne la direction des trois pouvoirs à un seul homme. 

26 octobre 1979 : assassinat de Park Chung-hee par Kim Jae-gyu (김재규). Entrainera la suppression de la Constitution Yushin et un (court) retour à la démocratie.

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