A Taxi Driver (택시 운전사)

A Taxi Driver (택시 운전사)

Réalisateur : Jang Hoon (장훈)

Scénariste : Eom Yuna (엄유나)

Avec : Song Kang-ho (송강호), Thomas Kretschmann, Yoo Hae-jin (유해진), Ryu Jun-yeol (류준열)

Genre : Historique, drame

Pays d’origine : Corée du Sud ㅣ Date de sortie (Corée du Sud) : 02.08.2017

Résumé :  En 1980, un journaliste allemand, Jürgen Hinzpeter, travaille au Japon pour une chaîne de télévision allemande. Au mois de mai de la même année a lieu, en Corée du Sud, le soulèvement de Gwangju. Ce mouvement, principalement étudiant et syndical, s’oppose à la dictature de Chun Doo-hwan (전두환), mise en place après l’assassinat de Park Chung-hee (박정희) en 1979. Le journaliste décide alors de se rendre dans le pays pour faire un reportage des événements. Mais le régime dictatorial, peu favorable à la liberté de la presse, fait tout son possible pour l’arrêter.

Hommage à ces héros invisibles de Gwangju

A Taxi Driver (택시 운전사) reprend l’histoire vraie du soulèvement de Gwangju (광주 민주화 운동) et de Jürgen Hinzpeter, un journaliste allemand qui décide de se rendre dans cette ville du sud-ouest coréen pour filmer les combats urbains. Pour s’y rendre, il utilise l’aide d’un chauffeur de taxi séoulite Kim Man-Seob (김만섭) (de son vrai nom Kim Sa-bok – 김사복). Pendant le règne dictatorial de Chun Doo-hwan (전두환), cet épisode tragique était présenté comme une révolte des sympathisants communistes. Il n’a été reconnu que plus tard comme un mouvement de défense de la démocratie contre la dictature militaire. 

Ce long métrage, qui s’appuie sur les faits historiques du mouvement, est un superbe mélange entre la fiction et la réalité. Les événements autour de Gwangju relatés dans le film sont en grande partie historiquement avérés tout comme la partie consacrée au journaliste allemand. En revanche, le personnage du chauffeur de taxi, Man-Seob (만섭) a presque été créé de toutes pièces. On a en effet très peu d’éléments sur Kim Sa-bok, la production du film ayant cherché à retrouver sa trace au moment du tournage, en vain. « Ainsi, tous les éléments qui touchent à Hinzpeter sont des choses relativement réelles alors que ceux qui se rapportent au chauffeur de taxi tiennent souvent de la fiction. »*

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Le soulèvement de Gwangju (rattaché au massacre de Gwangju) est un épisode noir de l’histoire de la Corée du Sud. A Taxi Driver est clairement un hommage aux protagonistes du mouvement, et plus particulièrement aux chauffeurs de taxis. Si certains événements du film sont complètement fictifs et ajoutés dans un souci scénaristique, le rôle joué par ces chauffeurs lors du soulèvement est indéniable (acheminement des blessés dans les hôpitaux, interposition entre l’armée et la population). Comme l’exprime le réalisateur lui-même, « je voulais vraiment leur rendre hommage et c’est ce que la part de fiction du film m’a permis d’exprimer»*

L'histoire d'une amitié historique germano-coréenne

Jang Hoon (장훈), qui a travaillé longtemps avec Kim Ki-Duk (김기덕) comme assistant et monteur avant de devenir lui-même réalisateur, a réussi à faire ressortir de cet épisode d’une violence extrême, un film extrêmement touchant et juste. Le long métrage est un hommage à la solidarité et aux relations humaines, allant au delà de la barrière de la langue et des différences culturelles. La justesse du film tient également aux acteurs, dont Yoo Hae-jin (유해진) et bien sûr Song Kang-ho (송강호), grandes stars du cinéma coréen. Ce dernier a d’ailleurs été récompensé par deux fois pour son interprétation de Man-Seob (만섭) en recevant le prix du meilleur acteur lors du Fantasia 2017 et du Seoul Awards 2017. Grâce aux jeux d’acteurs et à la réalisation brillante, ce long métrage est une superbe histoire d’amitié et une réelle leçon d’humanité. 

Plus qu’un film, A Taxi Driver est une page historique. L’ancien président Chun Doo-hwan fut jugé coupable en 1997, notamment pour son implication dans le massacre du soulèvement de Gwangju (condamné à mort, il fut gracié peu après par le président Kim Dae-jung – 김대중). En 2002, un cimetière national et une journée commémorative (le 18 mai) fut mis en place pour rendre hommage aux victimes de cette sanglante répression. Sorti en 2017, A Taxi Driver a permis de remettre en lumière cet épisode douloureux et récent de l’histoire coréenne, au travers d’un chapitre de la micro-histoire. La bobine du reporter allemand reste encore aujourd’hui une source historique précieuse et A Taxi Driver rejoint sans aucun doute la table des classiques coréens.

 © Maëlle Colleu-Hepke
*Source de l’interview
Trailer

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Chronologie succincte (1979-1980)

26 octobre 1979 : assassinat de Park Chung-hee (박정희) par Kim Jae-gyu (김재규). Entraîne une période de flou politique.  

12 décembre 1979 : coup d’État militaire et prise du pouvoir par le général Chun Doo-hwan (전두환)

14 avril 1980 : Chun Doo-hwan (전두환) est proclamé directeur de la KCIA

17 mai 1980 : Chun Doo-hwan (전두환) déclare la loi martial pour tout le pays (fermeture des universités, interdictions de rassemblements ou d’activités politiques, répression de la presse).

18 mai 1980 : Après plusieurs mois d’intensification des restrictions, de l’augmentation de la police dans les villes et de multiplication des manifestations des citoyens coréens, la proclamation de la loi martial entraîne l’organisation du dénommé Mouvement de démocratisation de Gwangju (광주 민주화 운동). Chun demande son immédiate répression (envoi de l’armée avec tanks et hélicoptères, l’armée ayant pour ordre d’utiliser la force maximale). 

Entre le 18 et le 27 mai 1980 : la violente répression de Gwangju a causé officiellement 200 morts et des centaines de blessés. Selon les organisations de défense de droits de l’homme et certains médias étrangers (comme la BBC), le nombre de disparus s’élèverait plutôt entre 1000 et 2000 morts.

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