
Samjin Company English Class (삼진그룹 영어토익반)
Réalisateur et scénariste : Lee Jong-pil (이종필)
Avec : Go Ah-sung (고아성), Esom (이솜), Park Hye-su (박혜수)
Genre : Comédie dramatique
Pays d’origine : Corée du Sud ㅣ Date de sortie : 21.10.2020
Résumé : En 1995, trois employées du groupe Samjin Electronics, s’inscrivent à des cours d’anglais afin d’obtenir 600 points au TOEIC dans l’espoir d’une promotion. Mais leur plan est bouleversé lorsqu’elles découvrent un désastre écologique dont leur entreprise est certainement responsable et décident d’enquêter…
Voici un film que j’ai failli ne jamais voir. Pourquoi ? Son titre. Et pourtant : si les trois héroïnes suivent des cours d’anglais et rêvent d’obtenir un bon score à l’examen, ce n’est qu’un petit aspect de la trame de fond.
Alors de quoi parle Samjin Company English Class ? Le long-métrage nous plonge dans la Corée des années 1995, en plein flambant essor économique. Ces trois jeunes femmes, Lee Ja-young (이자영), Jung Yoo-na (정유나) et Sim Bo-ram (심보람), travaillent depuis 8 ans dans l’entreprise Samjin Electronics (référence à Samsung ?). Alors que Ja-young se retrouve près de la rivière pour relâcher un poisson rouge, elle découvre avec horreur que des déchets toxiques se sont déversés dans l’eau. Avec l’aide de ses amies Yoo-na et Bo-ram, elle va commencer son enquête.
Entre revanche sociale et Feel good movie
Plusieurs points sont intéressants dans ce long-métrage, notamment l’exposition des rapports hiérarchique et de la place de la femme dans la société coréenne des années 1990. Ces trois jeunes femmes intelligentes, pleines de ressources et excellentes dans leur travail se retrouvent au plus bas de l’échelle de l’entreprise à cause de leurs diplômes jugés faibles. Elles n’ont en effet que le niveau du baccalauréat et se retrouvent à faire le café, nettoyer les bureaux, régler les problèmes techniques, acheter des cigarettes pour leurs supérieurs et ranger les dossiers. Malgré leur ancienneté qui pourrait leur ouvrir des portes, leurs maigres qualifications (distinguées par leurs tenues rouges, principalement portées par les femmes) ne leur permettent pas d’espérer une promotion. C’est dans cette perspective d’ascension sociale que les trois amies s’inscrivent aux cours de TOEIC. Chacune a pourtant de nombreuses qualités mais qui sont mal reconnues dans l’entreprise : Ja-young aka Dorothy est une femme intelligente et compétitrice. Elle connaît tous les fichiers et leurs emplacements dans l’entreprise, comment fonctionne les outils techniques et a une grande résilience face aux hommes qui n’ont aucune ou peu de considération pour elle. Lorsqu’elle découvre que des matériaux toxiques ont été lâchés dans la rivière, elle est la seule à vouloir se lancer dans l’investigation. Yu-na, elle, a un fort caractère, de bonnes idées, mais sa position l’empêche de faire partie de l’équipe décisionnelle, facilement effacée par sa collègue qui lui vole la vedette. Elle s’impose pourtant et n’hésite pas à dire ce qu’elle pense. Quant à Bo-ram, elle est très douée en maths. Reléguée à la compatibilité, elle prend son rôle de protecteur du poisson rouge (cadeau du seul supérieur hiérarchique qui la respectait) très à cœur.
Cet intelligent trio hétéroclite se lance donc dans une mission de justice à la coréenne, deuxième point intéressant du long-métrage. Qui est donc ce sale type qui pollue les fleuves, rend malades les villageois pour s’en mettre pleins les poches ? Critique envers les chaebols (재벌, énorme groupe industriel coréen) et les manières corrompues des américains (“Yankee go home”), le film n’est pas s’en rappeler Erin Brockovich. Le long-métrage est également très coréen dans sa moralité : le travail d’équipe, la collaboration et la résilience est primordiale, même les fourmis peuvent renverser les géants.
Cette comédie dramatique, qui traite de la discrimination à l’emploi à cause des diplômes, la corruption d’entreprise et la pollution environnementale, est un réel Feel good movie. On y découvre les codes coréens des années 1990 : séance d’exercices communs tous les matins à son bureau, l’installation du “bureau de la honte” près de l’ascenseur et des toilettes pour pousser les employés devenus indésirables à la démission. Mais c’est surtout une jolie histoire d’amitié et de sororité, des bons qui triomphent des puissants. Et dans la situation mondiale actuelle, ça fait du bien !
