Synopsis (© allocine) : Catherine Black, une célèbre neurologue à qui tout semble réussir, se bat en secret contre une maladie mentale : elle est bipolaire, comme l’était sa mère. Régulièrement, lorsqu’elle ne prend pas ses médicaments, elle est traversée de fulgurance, mais peut aussi se transformer en prédatrice à l’appétit sexuel vorace, ou mettre sa vie gravement en danger. Si sa famille est au courant du mal qui la ronge, son fiancé ignore tout de son état et de ce dont elle est capable. Avec ses patients, elle est en empathie totale, quitte à employer des méthodes peu conventionnelles pour les aider…
Encore une nouvelle série médicale ? Après les succès de Grey’s Anatomy, Docteur House ou Urgences, difficile de rivaliser. Démarrée au début de cette année 2014, Black Box se compose de 13 épisodes de 42 minutes chacun, et suit la vie mouvementée d’une célèbre neurologue, Catherine Black. Excellente dans son travail et auprès de ses patients, elle est malheureusement bipolaire et a une fâcheuse tendance à vouloir se passer de ses médicaments.
La série n’a pas su se tenir à flot plus d’une saison. Produite par Bryan Singer (X-Men) et diffusée par la chaine ABC aux États-Unis, elle sera annulée au bout des 13 premiers épisodes à cause de son faible taux d’audience. Créé par Amy Holden Jones (Beethoven) et co-réalisé par Ilene Chaiken (The L Word), Black Box divise ses spectateurs dès la sortie du pilote. Pour certains, ce n’est qu’une énième série sans avenir, trop brouillon, trop absurde, juste insipide. D’autres, moins sévères, la trouve originale, remuant les codes trop figés de la série médicale. C’est ainsi que le Pittsburgh Post-Gazette résume bien ces avis mitigés qui entourent Black Box « cette série va s’avérer trop originale pour certains téléspectateurs, tandis que d’autres ne la trouveront pas assez fine ou subtile. »
Mais reconnaissons-le : le premier épisode est intrigant et pique notre curiosité. Plusieurs thèmes y sont évoqué qui nous laisse envisager une série soignée, abordant chaque sujet avec tact et originalité. Les personnages ont tous une singularité à explorer (autant Catherine et sa bipolarité, qu’un personnage secondaire comme le docteur Ina Lark et son agoraphobie), et les cas médicaux neurologiques laissent aux scénaristes une grande marge d’interprétation. Dans cet univers médical tordu, imparfait et noir, secondé par une musique jazzy, difficile de s’attendre à une telle déception.
Car Black Box s’enferme vite dans ses stéréotypes. Au lieu de se détacher des codes habituels, elle ne fait que mal mélanger, dans un même récit, les ingrédients basiques des séries médicales, romantiques et dramatiques. Le résultat ? Les friands de série médicale se lassent vite d’une insuffisance de cas médicaux ou d’un manque certain de qualité scénaristique, et ceux qui auraient pu suivre Black Box pour cette originalité initiale s’en détachent dès le 2e épisode, la série tombant rapidement dans le vice des clichés. Quant au sujet séduisant d’un médecin bipolaire de l’épisode pilote ? Les problématiques qui y sont liées ne refont surface qu’au 11e épisode, évinçant totalement le seul sujet vraiment intéressant et innovant de la série. Black Box, c’est donc en réalité 10 épisodes d’un triangle amoureux niaiseux secondé de cas médicaux simplistes ou miraculeux.
Ne nous arrêtons pas en si bon chemin : si la qualité scénaristique est faiblarde, ce ne sont pas les acteurs qui relèvent le niveau général. Kelly Reilly (L’auberge espagnole, Les Poupées russes, Orgueil et préjugés), jouant le rôle de Catherine, est peu convaincante. Son jeu est correct, mais lisse et ses mimiques deviennent vite agaçantes. Quant à David Ajala (Will) et Ditch Davey (Dr. Bickman), ils sont tous deux enfermés dans leurs clichés respectifs d’amoureux convenu et d’amant sexy. Les personnages ayant le plus d’intérêt restent Leo et le docteur Ina Lark. Simplement secondaires, ils restent malheureusement peu exploités. Et c’est peut-être bien là le réel problème : avec ces personnages simples, fades et superficiels, difficiles de montrer un quelconque talent.
Ce qu’il faut retenir de Black Box ? Sans aucun doute l’univers jazzy, plus noir et sombre vu au 1er épisode, malheureusement trop rapidement évincé. Plus qu’une simple musique d’ambiance, le jazz y est utilisé comme un effet secondaire des hallucinations liées à la bipolarité du personnage principal. La musique semble être omniprésente sans être pesante. Malheureusement, cet aspect est vite relégué au second plan, allant de pair avec ce désintérêt pour la maladie de Catherine. Black Box c’est la série qui étouffe ses bonnes idées sous une montagne de mauvaises décisions.
© Elena Brooks
© photos : allocine
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