• Réalisateur : Alejandro González Iñárritu
  
• Acteurs : Michael Keaton, Zach Galifianakis, Edward Norton
  
• Scénariste : Alejandro G. Iñárritu, N. Giacobone, A. Dinelaris A. Bo
  
• Compositeur : Antonio Sanchez
• Nationalité : Américain
  
• Sortie : 25 février 2015

• Bande annonce

Synopsis (© allocine) : À l’époque où il incarnait un célèbre super-héros, Riggan Thomson était mondialement connu. Mais de cette célébrité il ne reste plus grand-chose, et il tente aujourd’hui de monter une pièce de théâtre à Broadway dans l’espoir de renouer avec sa gloire perdue…

Le déclin d’une célébrité d’un acteur ou d’une actrice, star du petit ou grand écran un jour, oublié le lendemain, les exemples ne manquent pas dans le milieu du cinéma. Et c’est ce sujet qu’Alejandro Iñárritu aborde brillamment dans ce cinquième long-métrage. Réalisateur de 21 grammes, Babel et Biutiful, il se lance ici avec brio dans la problématique du succès éphémère : « J’avais envie d’explorer la question de l’ego et l’idée que le succès — qu’il s’agisse d’une réussite financière ou de célébrité — est toujours une illusion ». Et c’est à travers son personnage principal, Riggan Thomson, ancien acteur de super-héros mondialement reconnu, qu’il s’y attèle. Celui-ci cherche à retrouver cette gloire perdue et se lance dans l’entreprise difficile de monter une pièce de théâtre sur Broadway.

Et pour interpréter ce héros déchu, qui de mieux que Michael Keaton pour incarner le rôle de Riggan ? Leurs parcours se ressemblent : l’acteur a en effet connu la gloire dans la fin des années 1980, début des années 1990, grâce à son interprétation de Batman dans les films de Tim Burton au côté de Jack Nicholson. Depuis, il a peu à peu disparu des écrans de cinéma, faisant quelques apparitions dans Jackie Brown, The merry gentleman ou dernièrement Penthouse North. Et tout comme son alter-égo Riggan qui renoue avec le public, il retrouve en 2014 une certaine forme de son ancienne popularité. Outre le succès de Birdman où il est en tête d’affiche, l’acteur est également au casting de grosses productions hollywoodiennes, Need for speed et Robocop.

En réalité, et faut-il réellement le préciser, rien dans Birdman ne semble être laissé au hasard. Outre Michael Keaton, le choix d’Edward Norton pour le rôle de Mike Shiner, la nouvelle célébrité du moment, est certainement là aussi lié à son passé d’acteur : reconnu pour son rôle dans Fight Club et ancien interprète d’Hulk dans l’Incroyable Hulk en 2008, il est parfait pour incarner le nouveau bellâtre de la star system. Ce souci du détail, se retrouve bien entendu dans le travail minutieux autant du scénario que dans la forme du long-métrage. Tourné sous la forme d’un long plan-séquence, ce procédé permet d’apporter une impression d’inter-connexion entre les lieux, le temps et les personnages et apporte en plus une plus grande impression de mouvance dans un univers théâtral. La mise en scène est une parfaite synchronisation entre les déplacements, les personnages et leurs dialogues. Et pour compléter l’originalité et l’excellence du film, la bande son donne davantage d’épaisseur à cette atmosphère unique de Birdman. Basée uniquement sur la prouesse du batteur mexicain Antonio Sanchez, la batterie donne son rythme effréné au film, perdant davantage le spectateur dans cet univers étrange.Birdman est le grand vainqueur des Oscars de cette années 2015, remportant les prix de Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Scénario et Meilleure Photographie. Son succès est essentiellement dû à cette alliance parfaite entre histoire simple et introspection intime. Sur la forme d’une mise en scène originale et travaillée, cette comédie cynique, cette critique à la fois douce mais juste, autant à l’encontre du cinéma que du théâtre, classe indubitablement ce film dans les chefs-d’œuvre de cette année 2015.

© Elena Brooks
© photos : allocine